Un vaccin contre le cancer
Dans le cadre de la journée contre le cancer 2023, Maha Ayyoub, Professeur à l’Université Paul Sabatier de Toulouse et co-directrice de l’équipe T2i du CRCT, fait le point sur les recherches développées au CRCT dans le cadre de la mise au point ‘un vaccin contre le cancer.
L’idée que notre système immunitaire joue un rôle antitumoral a été proposée il y a bien plus d’un siècle. Il a fallu quelques décennies de recherche préclinique, essentiellement chez la souri, et clinique, chez le patient, pour apporter des preuves irréfutables. Même si tous les versants du système immunitaire interviennent dans le contrôle de la croissance tumorale, une population de cellules de l’immunité (globules blancs) se distingue par sa capacité à reconnaître spécifiquement les cellules cancéreuses et à les éliminer, il s’agit des lymphocytes T cytotoxiques. Cette réponse lymphocytaire T fait partie de la réponse immunitaire dite adaptative, qui inclut de plus la réponse lymphocytaire B qui conduit à la production d’anticorps eux aussi spécifiques de leur cible. Cette réponse immunitaire adaptative, menée par les lymphocytes T et B, en plus de sa spécificité pour la cible, dans le cas des cancers cette cible étant la cellule tumorale, est responsable de la mémoire immunitaire, qui est à la base du concept de vaccination.
Un événement majeur à notre compréhension de la réponse immunitaire antitumorale spécifique a été l’identification du premier antigène de tumeurs humain en 1991. Beaucoup d’autres ont été identifiés depuis. Il s’agit des cibles reconnus spécifiquement par les lymphocytes T cytotoxiques et par les anticorps. Ces antigènes sont des protéines présentes dans les cellules tumorales, mais pas ou peu dans les cellules saines, et qui font de la cellule cancéreuse une cible des lymphocytes T cytotoxiques et des anticorps. Plusieurs familles d’antigènes tumoraux ont été identifiées. Parmi elle nous trouvons celle des néoantigènes, des protéines codées par des gènes mutés dans la tumeur et qui seront donc différentes de leurs homologues dans les cellules normales du patient. Une autre famille se retrouve dans les cancers induits par des virus, comme le virus du papillome humain (HPV), et est composée des protéines virales présentes ainsi dans les cellules tumorales mais pas dans les cellules saines. L’identification de ces antigènes a rendu possible le développement des vaccins anticancer.
Contrairement aux vaccins préventifs des infections, les vaccins anticancer sont thérapeutiques. Ils sont ainsi administrés après le diagnostic de la maladie. Leur but est de stimuler le système immunitaire adaptatif du patient et en particulier d’induire ou d’augmenter le nombre de lymphocytes T cytotoxiques spécifiques de la tumeur de chaque patient.
Grâce à plusieurs décennies de développement de vaccins anticancer, plusieurs formulations vaccinales efficaces sont aujourd’hui à notre disposition. Parmi elles, nous trouvons les vaccins à base d’ARN messagers (ARNm) qui sont fabriqués in vitro et qui vont, une fois entrés dans les cellules du patient, faire produire à la cellule un ou des antigènes tumoraux contre lesquels le patient sera immunisé. Une autre formulation prometteuse a pu voir le jour grâce aux avancées technologiques qui permettent la manipulation de virus non pathogènes en laboratoire afin de leur faire produire chez le patient des antigènes tumoraux. Dans le cas de ces deux types de vaccins, les essais cliniques ont montré que nous pouvons immuniser efficacement les patients. En d’autres mots, après administration du vaccin, des lymphocytes T cytotoxiques spécifiques des antigènes vaccinaux et donc de la tumeur sont induits par le vaccin.
Des essais cliniques sont en cours ou seront développés dans les prochaines années pour prouver l’efficacité clinique de ces vaccins, donc leur capacité à induire la régression tumorale ou à retarder, voire prévenir, les rechutes.
Plusieurs équipes du CRCT étudient les lymphocytes T cytotoxiques et explorent des immunothérapies visant à les mobiliser chez le patient (MELASPHINX, GENIM, DynAct, NoLymIT). L’équipe T2i développe des vaccins anticancer, en particulier un vaccin contre les cancers de la tête et du cou en collaboration avec la société Transgene.
Centre de Recherches contre le Cancer de Toulouse (Oncopole)
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