Caractérisation d’un nouvel anticorps ciblant les macrophages associés aux tumeurs
Marcin Jakub Domagala
Equipe NoLymIT : Nouvelles immunothérapies contre les lymphomes
Les macrophages associés aux tumeurs (TAM) sont une des principales populations cellulaires du microenvironnement tumoral. Ils favorisent la croissance et les métastases tumorales et confèrent aux cellules cancéreuses une résistance à l’apoptose, aux attaques du système immunitaire et à la thérapie. Le ciblage thérapeutique des TAM dans les cancers reste difficile, en raison de leur grande plasticité et de l’absence de marqueurs exclusifs. L’équipe 9 du CRCT a alors développé un anticorps monoclonal appelé 6-25, en utilisant des cellules de type Nurse-like (NLC) comme modèle de TAM. Les NLC sont le type de TAM rencontrés dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC), sont cruciales pour la survie des cellules leucémiques et peuvent être facilement générées in vitro. L’anticorps 6-25 a été caractérisé pour se lier spécifiquement aux TAM de différentes tumeurs en reconnaissant la protéine sidéroflexine-3 (SFXN3) à leur surface. L’anticorps 6-25 et sa cible ont été brevetés (WO2018/020000 et WO2018/19990). L’objectif global de cette thèse était de caractériser davantage la spécificité et le potentiel thérapeutique de l’anticorps 6-25 ainsi que le rôle biologique de sa cible, la SFXN3. La première partie de la thèse visait à évaluer la fonctionnalité de l’anticorps 6-25. La version IgG1 nue de l’anticorps 6-25 n’a montré aucune toxicité envers les PBMC provenant à la fois de donneurs sains et de patients atteints de LLC. Il n’a pas causé de déplétion des NLC et n’a montré qu’un effet mineur sur le phénotype de ces cellules et des macrophages dérivés des monocytes (MDM) in vitro. Cependant, l’anticorps 6 25 s’est avéré être efficacement internalisé par les NLC. La deuxième partie de la thèse a été consacrée à la cible proposée reconnue par l’anticorps 6-25, la SFXN3. En raison du manque général d’informations concernant SFXN3, la caractérisation plus approfondie de son expression dans les macrophages a été étudiée. De nombreuses expériences sur MDM traitées avec divers agents polarisants M1 et M2, ont prouvé que la cible du 6 25 est spécifiquement exprimée à la surface des macrophages de type M2. Les résultats obtenus lors du criblage de la cible 6-25 sur MDM ont en outre été utilisés pour étudier son modèle d’expression dans la NLC. L’augmentation de l’expression de la cible du 6-25 à la surface des NLC a été corrélée à leurs fonctions protectrices, ce qui en fait un marqueur de TAM protumoraux. De plus, des expériences sur la polarisation des NLC ont permis de mieux comprendre le rôle du TNF et de l’IL-10 sur la biologie de ces cellules et en particulier la fonction protectrice vis-à-vis des cellules cancéreuses LLC. La réalisation des expériences complémentaires sur la cible reconnue par l’anticorps 6 25 a conduit à la remise en cause initiale et finalement à la disqualification de la SFXN3 en tant qu’épitope potentiel. La ré-identification ultérieure de la cible a été effectuée à l’aide d’une immunoprécipitation optimisée/spectrométrie de masse quantitative (IP-MS) et d’une approche RNAseq, qui a fourni la liste des cibles potentielles. Dans le processus de criblage, le récepteur du folate ß (FRß) a été identifié comme la cible de l’anticorps 6-25. Les résultats présentés dans cette thèse montrent que l’anticorps 6-25 représente une voie prometteuse pour cibler les TAM. Le FRß a été montré comme étant un marqueur M2 spécifique des TAM. En raison des propriétés fonctionnelles du 6 25, y compris une spécificité élevée et une internalisation lors de la liaison aux macrophages de type M2, une version conjuguée à une drogue (ADC) de celui-ci a été générée. Comme les premières expériences avec le 6-25 ADC ont montré des résultats prometteurs de déplétion des macrophages exprimant le FRß, elles seront poursuivies à l’avenir. Toujours en perspective, les expériences in vivo avec l’anticorps 6-25 sont prévues pour évaluer son efficacité dans la modulation du TME, afin d’améliorer les résultats de la thérapie anticancéreuse.
Pour en savoir plus
Thèse soutenue le 17 février 2022
Retrouver le texte intégral de la thèse sur le site de l’université Paul Sabatier